Vous avez mal à l’avant du genou ou à la rotule ? Vous avez lu le terme fémoro-patellaire dans un compte rendu ou un médecin a utilisé ce terme et vous vous demandez de quoi il s’agit ?
Pour résumer simplement un syndrome fémoro-patellaire est le nom scientifique de ce que l’on appele communément en France le syndrome rotulien.
Qu’est-ce que le syndrome fémoro-patellaire ?
Et oui, on n’utilise pas toujours les mêmes mots en France ou au Canada, ou entre personnes lambdas et personnels médicals ! Mais je vous rassure, les problèmes de genoux et les solutions pour ne plus avoir mal restent les mêmes.
Tout ce que vous trouverez sur le site Bouge tes genoux et donc valable d’un côté et de l’autre de l’Atlantique.
Revenons en à nos genoux !
Le syndrome fémoro-patellaire est une douleur qui se situe à l’avant du genou, autour ou derrière la rotule (aussi appelée « patella« ). Cela arrive quand la rotule ne bouge pas correctement dans son sillon (= nommé trochlée fémorale) au-dessus du fémur , l’os de la cuisse. Ce frottement ou désalignement peut causer des douleurs, surtout lors de mouvements comme monter ou descendre des escaliers, s’accroupir, courir ou rester assis longtemps.
En résumé, c’est une douleur due à un problème de mouvement entre la rotule et l’os de la cuisse, souvent causé par un déséquilibre musculaire, une mauvaise posture ou un mauvais dosage de l’activité physique.
Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article Comment vivre avec un syndrome rotulien ?
Les causes du syndrome fémoro-patellaire
Imaginez que votre genou fonctionne comme une porte coulissante. La rotule (ou « patella ») est comme la roue de cette porte, et elle doit glisser parfaitement dans son rail le sillon formé par votre fémur, l’os de la cuisse) chaque fois que vous pliez ou dépliez votre jambe.
Causes anatomiques du SFP :
Si les muscles autour du genou ne fonctionnent pas de manière équilibrée (comme un moteur mal réglé sur une porte automatique), la rotule commencera à sortir de son rail ou à mal glisser. Par exemple, si certains muscles sont trop tendus ou trop faibles, ils vont tirer la rotule d’un côté. C’est comme si la roue de la porte coulissante frottait contre le bord du rail au lieu de rouler au centre.
Un déséquilibre entre les quadriceps (muscles de l’avant de la cuisse) et les ischio-jambiers (muscles antagoniste de l’arrière de la cuisse) peut entraîner une mauvaise répartition des forces sur la rotule, causant ainsi des douleurs.
Je rencontre régulièrement des gros sportifs qui ont des ischiojambiers très faibles par rapport à leurs quadriceps (petite dédicace à mes amis cyclistes et coureurs 👋).
Vous pouvez aussi avoir des jambes en X (= genu valgum) ou des jambes de cowboy (= jambes arquées appelées genu varum). C’est un peu comme si le rail du bas et du haut de votre porte coulissante n’étaient pas dans bien alignés (ce qui ne facilite pas son bon coulissement).
Causes biomécaniques du SFP :
Ensuite, imaginez que la base de la porte (vos pieds et chevilles) ou la charnière (vos hanches) ne sont pas bien alignées. Si vos pieds s’effondrent vers l’intérieur (pieds plats) ou si vos hanches ne sont pas stables, cela va incliner le rail. La roue (rotule) aura alors encore plus de mal à glisser correctement dans ce rail incliné, créant du frottement et des douleurs.
En résumé, le syndrome fémoro-patellaire survient lorsque la « roue » de votre rotule ne roule pas correctement dans son « rail » en raison de muscles déséquilibrés ou d’un mauvais alignement de votre jambe, un peu comme une porte coulissante qui se coince à cause d’un rail mal ajusté.
Je vous ai fait ici un résumé très simplifié du fonctionnement de la patela. Celle-ci est aussi stabilisée par la capsule articulaire et les tendons (quadricipital et patellaire).
Surutilisation et surcharge du genou :
Avant, les médecins se focalisaient essentiellement sur les causes anatomiques et biomécaniques pour expliquer le syndrome fémoro-patellaire.
Ces dernières années, de nombreuses études montrent que c’est plutôt la surutilisation du genou par rapport à ses capacités qui est la cause du début des douleurs. Les facteurs anatomiques et biomécaniques sont plutôt des facteurs de risque, plus que la cause initiale.
Les symptômes du syndrome fémoro-patellaire
Diagnostic clinique du SFP
Le diagnostic clinique du syndrome fémoro-patellaire repose principalement sur l’examen physique et les antécédents du patient. Voici les étapes typiques :
1/ Entretien avec le patient (appelé aussi anamnèse)
Le médecin commence par poser des questions pour comprendrela nature de la douleur. Par exemple :
- La localisation :
La douleur doit se situer à l’avant du genou, autour ou derrière la rotule pour que le médecin valide que ce soit bien un syndrome rotulien. - Les déclencheurs :
Une douleur qui augmente lors d’activités comme monter ou descendre des escaliers, s’accroupir, courir, ou rester assis longtemps est un signe classique du syndrome fémoro-patellaire. - Durée et intensité :
Depuis quand la douleur est présente, à quel point elle est intense, si elle est constante ou intermittente. Cela permet d’évaluer le niveau de gravité du SFP, et les situations typiques où la douleur apparaitv afin d’essayer de limiter ces situations à risque. - Antécédents :
Le médecin demande s’il y a eu des blessures récentes, des changements dans l’activité physique ou d’autres pathologies du genou. Les antécédents de subluxations ou de luxations de la rotule sont des indices allant dans le sens d’un syndrome fémoro-patellaire.
2/ Examens physiques
L’examen physique permet de vérifier la stabilité, le mouvement et les structures du genou.
- Inspection visuelle
Le médecin observe l’alignement du genou, des hanches et des pieds pour voir s’il y a un désalignement (genoux valgum, pieds plats, etc.).
Il vérifie également la rotule pour observer des signes de gonflement ou d’inflammation. - Palpation de la rotule
Le médecin appuie doucement sur la rotule et autour de celle-ci pour détecter des zones sensibles ou douloureuses.
Il peut appuyer sur la rotule pendant que la jambe est tendue pour voir si cela provoque de la douleur (signe de compression fémoro-patellaire).
Je sais que vous êtes nombreux à détester qu’on vous touche la rotule (c’est mon cas aussi et je pense que toutes les personnes étant sujettes aux subluxations peuvent avoir cette appréhension). Si c’est le cas, parler en à votre médecin qui peut faire un premier diagnostic, sans forcément « titiller » votre rotule dans tous les sens. - Mobilité et suivi rotulien
Le médecin fait bouger la rotule doucement de haut en bas et latéralement pour vérifier si elle se déplace normalement dans son sillon. Des mouvements anormaux peuvent révéler un mauvais alignement. - Examen des muscles et des tendons
Le médecin évalue la force des muscles autour du genou, notamment les quadriceps et les muscles fessiers, pour voir s’il y a des faiblesses musculaires ou un déséquilibre qui pourrait affecter la rotule. Il vérifie également la souplesse des ischio-jambiers et des mollets, ainsi que la stabilité des hanches. - Test de flexion-extension
Le médecin demande au patient de plier et déplier la jambe, en observant la façon dont la rotule se déplace dans son sillon.
Squat ou test de montée/descente d’escalier : Il peut demander au patient de faire des squats ou de monter des marches pour observer si ces mouvements provoquent une douleur. - Autres tests spécifiques
Le médecin peut réaliser d’autres tests spécifiques comme par exemple le test de smillie, le test du rabot ou le test de Zohlen.
Examens complémentaires : radios, IRM, scanner
Ces examens ne sont pas forcément nécessaires dans un premier temps car le diagnostic du syndrome fémoro-patellaire se fait facilement avec un simple examen clinique.
Néanmoins, si la douleur ne passe pas malgré les traiteme,nts classiques pour un syndrome rotulien, alors votre médecin pourra vous prescrire des examens complémentaires comme une radio, un IRM ou un scanner. Et éventuellement vous réorienter vers d’autres spécialistes comme un médecin du sport ou un chirurgien orthopédiste.
Diagnostic différentiel du syndrome rotulien
Le syndrome fémoro-patellaire est parfois confondu avec d’autres pathologies du genou comme par exemple :
– Syndrome d’Osgood-Schlatter.
– Maladie de Sinding-Larsen-Johansson.
– Tendinopathie (quadricipitale ou patellaire).
– Syndrome de la bandelette ilio-tibiale.
– Bursite ou une maladie de Hoffa.
– Lésion méniscale.
– Arthrose fémoro-patellaire.
– Tumeur osseuse.
– Fracture de fatigue.
– D’autres pathologies.
Comment soigner un syndrome fémoro-patellaire ?
C’est à la fois super simple et super compliqué !
Je m’explique.
Toutes les études scientifiques s’accordent à dire qu’il faut faire du renforcement musculaire afin de permettre à la patella de bien coulisser dans l’axe.
Dans de rares cas graves de malformations du genou, une opération peut aussi être envisagée en complément, mais ça reste assez rare.
Il faut comprendre que ce sont les muscles, tendons et ligaments qui tiennent notre squelette.
Donc pour un bon fonctionnement des articulations, il faut renforcer ces éléments.
Alors pourquoi ai-je dit que soigner un syndrome fémoro-patellaire peut être compliqué ?
Pour trois raisons :
- Il faut pratiquer les bons exercices.
- Au départ, vous avez un équilibre précaire à trouver entre bouger pour renforcer vos genoux, et ne pas trop en faire pour ne pas relancer l’inflammation et la douleur.
- Parce que parfois, faire uniquement du renforcement musculaire ne suffit pas.
Il faut aussi comprendre la cause profonde de votre syndrome fémoro-patellaire. Pourquoi la patella ne coulisse pas bien dans l’axe ? Sinon, les douleurs risquent de revenir.
Votre médecin va donc souvent vous informer sur le fait qu’avoir un syndrome fémoro-patellaire est très courant et repésente 25% à 40% des consultations en médecine du sport (1). Et que cette pathologie se traite bien dans la majorité des cas : 76% des personnes ont une guérison complète 6 mois après le diagnostic (2).
Cela devrait déjà vous rassurer. 😀
Vous allez donc mettre en place ce qu’on appele un traitement conservateur (du repos relatif, c’est-à-dire continuer à être actif, tout en éliminant les mouvements ou les activités qui déclenchent de la douleur).
A cela s’ajoutera certainement des exercices pour la douleur fémoro-patellaire, avec un kinésitharapeute ou un physiothérapeute pour une bonne rééducation du syndrome rotulien. Avec des exercices physiques à pratiquer chez vous entre les séances pour de meilleurs résultats.
Parfois, des infiltrations et un traitement médicamenteux peut-être proposé (en gardant en tête que les médicaments ne vont pas résoudre le souci mais seulement permettre de diminuer la douleur et qu’on manque de preuves scientifiques sur l’efficacité des injections pour le syndrome fémoro-patellaire).
Pour en savoir plus, je vous invite à lire mon article complet sur les différents traitements pour le syndrome rotulien.
Dans quels cas envisager une opération pour un syndrome fémoro-patellaire ?
Le traitement chirurgical est réservé aux cas particuliers où des personnes cumulent plusieurs critères :
– Anomalies structurelles (angle Q important, patela alta, dysplasie…).
– Et des subluxations ou luxations de la rotule.
– Et l’échec d’un bon protocole de rééducation.
Peu de personnes sont donc concernées par une opération pour un syndrome fémoro-patellaire. Si une opération vous est proposée, je vous invite à toujours prendre l’avis de deux chirurgiens avant de prendre votre décision de vous faire opérer ou non.
Quels exercices spécifiques pour un SFP ?
Comme je vous le disais juste au-dessus, il faut se muscler pour soigner un syndrome fémoro-patellaire.
Mais selon les exercices que vous ferez, vous aurez des résultats plus ou moins bons.
Quels sont les critères à prendre en compte pour choisir les exercices qui vont soigner un syndrome fémoro-patellaire ?
- Des exercices qui sollicitent les groupes musculaires favorisant le bon coulissement de la patella.
- Des exercices variés afin que le corps progresse et soit prêt à affronter différentes situations.
- Au moins une partie des exercices doivent reproduire des mouvements de la vie quotidienne.
- Éviter les erreurs courantes de placements des personnes ayant les genoux sensibles.
- Déconstruire une partie du schéma corporel inadapté pour en reconstruire un nouveau qui soulage les genoux.
Bref, faire deux ou trois exercices de musculation n’est pas suffisant !
Vous pouvez lire un article et voir des exemples d’exercices dans l’article complet consacré aux exercices pour le syndrome rotulien.
Je propose aussi des programmes et des accompagnements à distance parfaitement adaptés pour les personnes ayant un syndrome rotulien.
L’objectif : vous aider à comprendre la cause de vos douleurs et déterminer un programme individuel de renforcement musculaire adapté à votre cas personnel sous forme de vidéos à suivre chez vous.
Tout se fait à distance et j’accompagne des personnes dans toute la francophonie : Sénégal, La Réunion… Mais aussi Canada !
Prévention du syndrome fémoro-patellaire.
Certaines personnes peuvent avoir des récidives suite à un premier épisode de syndrome rotulien.
C’est quand elles sont dans une de ces deux situations :
- Entrainements trop intenses par rapport aux capacités physiques de leurs genoux et/ou de trop grandes variations dans l’activité physique (ex : ne pas faire de sport dans l’année et partir faire des grandes randos dans les Alpes durant les vacances d’été).
- Une forme anatomique des genoux prédisposant au SFP.
La meilleure prévention du syndrome fémoro-patellaire consiste donc à éviter les variations trop importantes de sollicitation des genoux.
Et pour les personnes ayant des soucis de forme anatomique, maintenir une bonne musculature toute l’année va diminuer les risques.
Apprendre à reconnaitre les premiers signes du syndrome rotulien afin de limiter momentannément les mouvements déclenchant de la douleur aide grandement à régler le souci rapidement s’il devait survenir de nouveau.
Rédigé par Aline Garnier :
Je suis coach sportif spécialisée dans les douleurs chroniques aux genoux.
J’écris mes articles en m’appuyant sur :
– Mes expériences personnelles.
– Les questions que vous me posez.
– Mes découvertes sur d’autres médias.
– La lecture d’études scientifiques.
Rappel : Je ne suis pas médecin et ce blog n’a pas vocation à remplacer un avis médical.
SOURCES :
1- Witvrouw E, Callaghan MJ, Stefanik JJ, Noehren B, Bazett-Jones DM, Willson JD, Earl-Boehm JE, Davis IS, Powers CM, McConnell J, Crossley KM. Patellofemoral pain: consensus statement from the 3rd International Patellofemoral Pain Research Retreat held in Vancouver, September 2013. Br J Sports Med. 2014 Mar;48(6):411-4. doi: 10.1136/bjsports-2014-093450. PMID: 24569145.
2- Kannus P, Natri A, Paakkala T, Järvinen M. An outcome study of chronic patellofemoral pain syndrome. Seven-year follow-up of patients in a randomized, controlled trial. J Bone Joint Surg Am. 1999 Mar;81(3):355-63. doi: 10.2106/00004623-199903000-00007. PMID: 10199273.
3- Saubade, M., Gremion, G., Martin, R., Becker, A., Mieux comprendre le syndrome douloureux fémoro-patellaire… pour mieux le traiter, Rev Med Suisse, 2014/437 (Vol.10), p. 1451–1456. DOI: 10.53738/REVMED.2014.10.437.1451